Sous ses airs antiques et un peu cabossés, ce tromblon semble tout droit sorti d’un grenier oublié. Le canon, légèrement voilé, porte les traces de mains multiples qui ont essayé de le redresser au fil des ans. Le bois de la crosse est patiné par le temps, griffé par des outils improvisés et renforcé par des bouts de fil de fer et de ruban adhésif brun, comme pour empêcher les éclats de tomber.
Le mécanisme de détente est un petit bricolage à lui seul : un ressort tordu, maintenu par une vis de fortune, semble prêt à lâcher à tout moment. Des morceaux de cuir ancien servent de poignée de maintien, et quelques bouts de métal soudés maladroitement témoignent de réparations de dernière minute.
L’ensemble dégage une impression chaleureuse, presque humaine, comme si le tromblon portait l’âme de ses multiples propriétaires et bricoleurs, chacun laissant sa marque. On imagine le bruit sourd et l’éclat de poudre, mais surtout l’ingéniosité d’un esprit qui a su faire durer un objet au-delà de sa vie initiale. "